La broderie d'art

Au fil de l'histoire...

Si l’on a retrouvé des traces de broderie dans l’Antiquité, c’est au Moyen Age que la broderie se répands vraiment, notamment avec le point de croix. Les jeunes filles préparaient alors un trousseau pour leur mariage, avec des draps, des nappes et des serviettes brodées. La broderie médiévale la plus grande et la plus célèbre était la tapisserie de Bayeux réalisé au cours du XIe siècle. Cet ouvrage a été brodé au point de Bayeux en laine de couleur sur une toile de lin. Elle évoque la conquête normande de l’Angleterre de 1066.

Le point de croix se développe dans toute l’Europe à la Renaissance. Puis la peinture à l’aiguille, représentant de véritables œuvres d’art réaliste. Si l’on brode déjà depuis longtemps avec de l’or véritable, c’est à cette époque, au XVe siècle, que la broderie d’or évolue avec la technique de l’or nue, qui naît en Italie. Celle ci consiste à poser des fils d’or sur le tissu et à les fixer avec des fils de soie de couleurs, en jouant sur l’ombre et les nuances pour obtenir un effet magnifique.

Au XVIIe siècle, de nouveaux colorants naturels permettent de teindre les fils en rouge, la broderie connaît alors sa « révolution rouge ». Les broderies rouges sur fond blanc sont ainsi à la mode.La broderie blanche de Saxe est devenue tendance pour l’ornement des manchettes et des écharpes à la fin du XVIIIe siècle. Au delà du temps, c’est la géographie qui influence aussi la broderie : Ainsi, l’Espagne est influencé par le style islamique tandis que l’Allemagne, la broderie est plutôt tirée de la culture protestante.

Plus tard, courant du XIXe siècle, la broderie de Lunéville, puis la broderie perlée de Lunéville sont créées. En 1828, Joseph Heilman invente la première machine à broder, permettant de faire des broderies en série.

Aujourd’hui, le point de croix et la broderie traditionnelle perdurent, et depuis les années 80 et l’avènement d’internet, la broderie regagne en popularité. La broderie dite « d’art » reprenant les techniques les plus prestigieuses, orne les défilés de Haute Couture.

La guilde de l’aiguille souhaite préserver et transmettre ces techniques de Haute Couture, notamment la broderie de Lunéville
et la Broderie d’or.

De la broderie et des perles

Le point de Lunéville est d’abord créé en 1810, dans la ville du même nom, sur du tulle. Il est alors une chaînette faite a l’aiguille, pour imiter les dentelles de Venise, Bruges ou Valenciennes. En 1850 apparaît le crochet de Lunéville, permettant de travailler plus rapidement. Enfin en 1865, Louis Ferry-Bonnechaux a l’idée d’enfiler les perles sur le fil avant de broder. La broderie perlée de Lunéville est née.
 
Celle-ci est dite broderie « à l’envers » ou « à l’aveugle ». En effet, une fois le tissu tendu sur un métier à tisser, les brodeurs travaillent sur l’envers avec le crochet dans une main, et posent les perles sur l’endroit avec l’autre main. Le dessin et les perles sont donc brodés uniquement au toucher.
 
Les perles et la soie sont les matériaux de prédilection de la broderie de Lunéville, mais aujourd’hui, on peut poser du cuir, du raphia, du tissu ou encore des perles faites à partie de déchets : coques de moules, plastique retaillé… La broderie de Lunéville peut être utilisée pour des vêtements, des bijoux, broches, tableaux. Chaque perles ou éléments étant posé un par un, chaque motif dessiné et brodée à la main, chaque broderie est une œuvre d’art artisanale.
 
Si cette broderie luxueuse a connu un véritable essor dans les années 20 avec les années folles et la mode des robes courtes et perlées, c’est désormais la Haute Couture et les costumes de théâtre et du cinéma qui en bénéficient. L’école Lesage et le conservatoire des broderies de Luneville continuent de transmettre cette technique à leurs élèves, tandis qu’il reste quelques ateliers spécialisés dans cette art, tels que la maison Lesage, détenu par Chanel.

 

 

Des étoffes d'or

Ce sont les marchands de soie, venus de la Chine ancienne, qui apporte la broderie d’or en Europe. On retrouvera des habits d’or dans la tombe de Toutankhamon. Durant son exportation, elle se répand au Moyen-Orient, notamment à Tyr, contrôlé par les Byzantins, qui devient le siège de la broderie d’or et de son commerce.
 
Au Moyen-Age, c’est l’Angleterre qui crée la technique de la couchure du fil d’or à point invisible, tirant le fil décoratif à l’arrière du tissu et permettant ainsi qu’aucun point ne soit visible sur l’endroit. Le terme « Opus Anglicanum » signifie alors « Ouvrage à l’anglaise » et certifie alors ce savoir faire. Cette technique prisée est offerte durant les affaires politiques. L’Angleterre héritera plus de ce savoir faire encore enseigné à la Royal School of Needlework, école de broderie réputée fondée en 1872.
 
L’or nué, technique visant à coucher les fil d’or avec du fil de soie de différentes couleurs, est inventé en Italie vers la fin du XIVème siècle. Cette technique permet un incroyable jeu de couleurs et une impression d’ombres et de profondeur. Elle permet d’imiter la peinture. L’œuvre la plus spectaculaire qu’il nous reste en or nué datant du Moyen Age est un vêtement sacerdotal de l’ordre de la Toison d’or, conservée
dans le Trésor de Hofburg à Vienne.
 
Louis XVI et Louis XV utiliseront la broderie d’or sur leur chaussures, vêtements, l’ameublement, les étendards… Puis celle-ci disparaitra de nouveau avec Napoléon.
 
Aujourd’hui la broderie d’or a de nouveau un essor auprès de la communauté des « Do It Yourself », notamment pour la fabrication de broches. Les fils d’or sont désormais en cuivre recouvert de pigments, permettant une multitude de couleurs. Il existe des fils creux, telle que la cannetille, lisse, ou le jaseron, sorte de petit ressort que l’on peut étirer comme bon nous semble. Ces tubes seront appliqué en passant une aiguille petite et fine pour les fixer sur le tissu. Et bien sur toujours des fils rigides « pleins » que l’on utilise pour la couchure. La broderie d’or peut-être associé à différentes perles posées à l’aiguille ou au crochet de lunéville.